Les récentes accusations de Human Rights Watch, largement relayées par plusieurs médias internationaux, concernant le traitement des prisonniers au Rwanda, dans un rapport publié mardi 15 octobre, nécessitent une réponse argumentée et documentée. Ces critiques omettent souvent le contexte historique et les efforts du gouvernement rwandais en matière de droits humains, offrant ainsi une vision déformée de la réalité.
Rappelons qu’en 2007, le Rwanda a marqué un tournant en abolissant la peine de mort, une décision saluée par la communauté internationale, symbolisant la reconstruction pacifique suite au génocide de 1994. Tandis que, après la Seconde Guerre mondiale, les puissances européennes victorieuses avaient opté pour les procès de Nuremberg, aboutissant à l’exécution de criminels nazis, le Rwanda a choisi une voie différente, privilégiant la réconciliation et le pardon dans sa quête de justice.
Le système judiciaire rwandais a alors recouru aux tribunaux Gacaca, qui ont jugé près de deux millions de personnes liées au génocide entre 2001 et 2012. Beaucoup de coupables ont été libérés après avoir purgé leur peine ou participé à des programmes de réhabilitation. Bien que cette approche n’ait pas fait l’unanimité au sein de la communauté internationale, plusieurs observateurs l’ont saluée pour son approche unique de la justice restaurative.
Preuve de la conformité de la justice rwandaise aux standards internationaux, plusieurs pays européens, dont la Norvège et les Pays-Bas, ont accepté les transfèrements des fugitifs génocidaires vers le Rwanda, attestant que les conditions carcérales y respectent les normes de dignité humaine.
De plus, afin d’améliorer les conditions carcérales post-génocide, le gouvernement a investi dans l’élargissement et la modernisation des infrastructures pénitentiaires pour répondre aux nouveaux défis. D’après un rapport du Comité International de la Croix-Rouge datant de 2013, des progrès ont été réalisés dans le domaine de l’hygiène, notamment avec l’installation de systèmes de biogaz dans certaines prisons, améliorant ainsi les conditions sanitaires. Les prisons rwandaises d’aujourd’hui sont bien différentes de celles de l’après-génocide.
Ces exemples montrent que le gouvernement rwandais a intégré le respect des droits humains dans ses réformes, illustrant sa volonté d’établir un système de justice juste et équitable, même dans des conditions difficiles. Plutôt que de perpétuer des critiques infondées, il est essentiel de reconnaître les efforts significatifs du Rwanda pour restaurer la justice dans le respect des droits fondamentaux.
Ce n’est pas la première fois que Human Rights Watch diffuse des allégations reposant sur des conclusions hâtives et un manque d’objectivité concernant le Rwanda. Dans un rapport datant du 10 octobre 2023, intitulé “Rejoins-Nous ou Tu Mourras”, l’ONG affirme que “les Nations Unies et les partenaires internationaux ont détourné le regard quant à la portée et à la gravité du bilan déplorable de ce pays en matière de droits humains.”
Et pourtant, au cours des dernières décennies, le Rwanda a réalisé de grandes avancées en matière de droits humains. En voici une liste non-exhaustive :
Promotion de l’égalité des sexes :
– Plus de 60 % des sièges parlementaires occupés par des femmes, une parité inédite.
– Renforcement des lois contre la violence domestique, centres d’accueil pour les victimes.
Accès à l’éducation et aux services de santé :
– Éducation gratuite, taux de scolarisation en hausse constante.
– Santé universelle, amélioration de la vaccination et réduction de la mortalité infantile.
Accès à l’électricité et à l’eau :
– Accès à l’électricité passé de 6 % à 75 % (2009-2024), 86 % pour l’eau potable (2023), un chiffre en hausse continue.
Droits des enfants :
– Lois contre le travail forcé des enfants et les mariages précoces, soutien aux familles.
Droits des réfugiés :
– Pays leader en matière d’accueil des réfugiés, notamment des Grands Lacs et de Libye.
Droits des personnes handicapées :
– Inclusion des personnes handicapées, accès renforcé à l’éducation et à l’emploi.
Malgré ces avancées, certaines voix continuent de propager des récits trompeurs qui ne reflètent ni la réalité ni les efforts du Rwanda. Ces récits, souvent relayés par des sources mal informées ou biaisées, ignorent le travail acharné accompli depuis plus de deux décennies pour reconstruire une nation déchirée par la violence. Il est essentiel que ces accusations soient contrebalancées par des faits concrets et vérifiables.
Human Rights Watch poursuit ce que l’on peut qualifier de plaidoyer à l’encontre du Rwanda en rédigeant que les États-Unis “devraient utiliser les liens étroits qu’ils ont tissés avec Kigali pour faire pression sur le gouvernement rwandais afin qu’il améliore son bilan en matière de droits humains”. Pourtant, à la suite du bilan positif rwandais que nous venons d’ériger, il est juste de penser que le donneur de leçon aurait tout intérêt à céder sa place. Faut il rappeler que la peine de mort est toujours en vigueur dans 27 Etats ainsi qu’au niveau fédéral pour les crimes militaires, sans oublier les violences policières récurrentes et l’impunité qui les accompagne.
Bien que HRW critique l’inaction judiciaire face aux abus commis par les responsables des services pénitentiaires, l’ONG mentionne elle-même que la Haute Cour de Rubavu a condamné Innocent Kayumba à 15 ans de prison pour l’agression et le meurtre d’un détenu, ainsi que deux autres responsables du Service Correctionnel du Rwanda et sept prisonniers. Pourtant, Clémentine de Montjoye conclut que “ L’affaire d’Innocent Kayumba révèle non seulement les graves problèmes au sein des services correctionnels du Rwanda, mais aussi les défaillances critiques du système judiciaire et de l’institution nationale des droits humains ”. Une preuve de dysfonctionnement selon la chercheuse, une attestation irréfutable que le justice rwandaise ne peut être jugée complice, voire actrice de ces faits, selon nos analyses.
Ce jeudi 17 octobre, le gouvernement rwandais a répondu aux accusations à travers sa porte-parole, Yolande Makolo. Elle cite que l’ONG fait régulièrement preuve d’un “manque de sérieux et de crédibilité en ciblant continuellement le Rwanda avec des accusations fallacieuses.”
En conclusion, en raison de son rôle sur la scène internationale, le Rwanda attise l’attention et les critiques excessives portées sur de présumées transgressions, souvent dans un cadre très technique, empêchant régulièrement la reconnaissance des avancées spectaculaires du pays, surtout en comparaison à ses voisins où les violations des droits humains sont sévères et avérées.
Les récits dominants dans les médias internationaux et dans les organisations de droits de l’homme influencent la manière dont certains pays sont perçus. Régulièrement exagérées, les critiques portées à l’encontre du Rwanda devraient être contrebalancées par une reconnaissance des progrès accomplis, notamment dans les domaines des droits humains, de la justice et de la réconciliation nationale.
RADIOTV10